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Du déni à l'hyper-contrôle : nos stratégies face aux traumas




Que dis-tu? (...) qu'il n'y a pas à te consoler puisque tu t'es divisée pour être intacte à l'heure qu'il est.” Eluard, la vie immédiate


Première stratégie : on minimise notre vécu traumatique 


Quand on pense traumatisme, on a tout de suite tendance à penser “guerre”, violence extrême, catastrophes naturelles, …, comme si le trauma était une catégorie particulière de souffrance psychologique dont on ne pourrait jamais souffrir, qui serait réservée aux personnes qui ont vécu des choses “vraiment graves”.

 

On se le répète : “Non, mais, c’est bon, ça m’a pas traumatisé...” , “Il y a des choses plus graves dans la vie”, “Il y a des gens qui ont vécu pire que moi” …


Pour se protéger, on minimise ce que l’on a vécu, on le met de côté, on se convainc que ça n’a eu aucune conséquence, que c’est du passé, que c’est derrière, que c’est la vie. 

Le déni nous accompagne comme une cape qui invisibilise la souffrance vécue dans la chair. 


On ne le fait pas exprès ; si on met ces évènements sous le tapis, c’est que souvent, ils n’ont pas été pris en compte au moment des faits : soit que l’on se soit retrouvé dans une impossibilité à dire (“Tais-toi, c’est un secret”, “si tu parles, tu vas le regretter”), ou dans la négation de notre expérience (“tu mens, tu racontes n’importe quoi”, “tu es folle”), ou dans le manque de soutien de nos proches (“y a rien de grave, tu vas t’en remettre”, “arrête de pleurer”) ou carrément dans l’absence totale de protection et de secours. 


Mais si nous avons appris à tout refouler à un niveau conscient, cela ne veut absolument pas dire que cet évènement, ou ces périodes prolongées de souffrance, d’instabilité ou d’absence, n’ont pas eu un impact profond et continu sur notre vie. 



Dans quelles situations puis-je parler de traumatismes? 


  • On parlera de “traumatisme simple” dans le cas où nous avons vécu un évènement précis et identifiable. 


Par exemple : un viol ou une agression sexuelle, un accident grave, une agression physique, un cambriolage violent, quand on a été témoin d’une mort violente, ou quand on a appris la mort subite d’un proche. 


Pour rappel, un traumatisme peut se former lorsqu’on est victime de l’évènement en lui-même, mais aussi si l’on est témoin de la scène, ou un proche des victimes, ou si on est un aidant ou un professionnel intervenant autour de l’évènement (policier, médecins, psys, pompiers, etc). Dans certains cas, le potentiel traumatisant d’un événement peut atteindre la société tout entière : pensons ici aux attentats et aux épidémies. 


  • On parlera de “traumatisme complexe” quand des actes potentiellement traumatisants se répètent sur une longue période. C’est le cas dans des contextes de guerre mais aussi particulièrement dans des situations de violences intrafamiliales, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles. On trouvera aussi dans ces situations potentiellement traumatisantes le harcèlement scolaire et professionnel.


L’exposition sur plusieurs mois voire plusieurs années de maltraitances, d’humiliations, de cris, de coups, de harcèlement, de manipulation, d’agressions, ou de négligences, crée un tel climat d’insécurité, de terreur et d’instabilité que les personnes exposées épuisent toute leur capacité à se défendre ou à résister au stress de la situation. 




Deuxième stratégie : se dissocier pour survivre


En tant qu’humain, nous avons de véritables ressources pour résister à une certaine quantité de stress. Le stress est même au départ notre allié pour la survie : il nous prépare physiologiquement à la fuite et au combat.  Mais quand le stress est continu, quand les chocs se répètent, notre corps finit par être submergé et perd sa capacité à gérer ce stress. Il ne sait plus comment s’en décharger et le traumatisme se cristallise. 


Face à la violence du choc, notre esprit se “dissocie” pour se protéger. Comme s’il séparait du reste de notre monde intérieur cette partie traumatisée. En la dissociant, c’est comme s’il empêchait de “contaminer” l’être entier. Il cherche à préserver une partie intacte et fonctionnelle. C’est une question de survie. 


Mais cette dissociation constitutive du traumatisme a aussi des conséquences dramatiques : amnésies et troubles de la mémoire, troubles de l’apprentissage et du langage, troubles de l’identité, sensations d’être coupé de ses émotions, de son corps, ou de la réalité. 



Vos traumas ressurgissent dans votre corps, vos pensées, vos comportements


Si les événements traumatiques nous semblent lointains et même s’ils ne sont plus accessibles à la mémoire, ils reviennent nous “hanter” de bien des manières.

Par exemple : 

  •  flashbacks (on revit l'événement comme si on y était, avec les sons, les images, les odeurs…)

  •  réminiscences

  •  cauchemars

  •  douleurs et irruptions somatiques (généralement dans les zones du corps qui avaient été atteintes)

  •  phobies (dont l’objet est en lien avec l'événement mais aussi toutes les phobies dont on pense qu’elles sont “irrationnelles”)

  •  les vertiges

  •  maladies

  • angoisses incontrôlables. 




Troisième stratégie : le Contrôle 


Nous pourrons reconnaître aussi les signes du trauma dans toutes les stratégies inconscientes mises en place pour retrouver un sentiment de contrôle (même quand consciemment, toutes ces formes d’adaptation nous paraissent inappropriées).


Nous pouvons citer ici :

  • le recours à l’alcool et aux drogues

  • les troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie)

  • l’automutilation (notamment scarifications), 

  • l’agressivité et la violence tournées envers soi-même et/ou les autres

  • les TOCS

  • les stratégies d’évitement (de certains lieux, personnes, contextes)

  • “l’hyper-adaptation” (recherche de la performance et de la réussite extrême, hyper-exigence, sur-investissement du travail ou de certaines activités)

  • la rumination permanente et l’anticipation de scénarios catastrophes

  • les tendances paranoïaques et conspirationnistes

  • la tendance à surprotéger ses enfants et contrôler l’entourage. 


Toutes ces stratégies découlent d’un sentiment d’insécurité immense, corrélé à une hyper-vigilance permanente. La personne ayant subi un ou des traumatismes n’opère plus qu’en mode survie, comme si la menace était toujours présente, le risque d’effondrement à un pas. La partie censée protéger la personne continue d’agir comme si le temps n’avait aucun effet, et l’état de stress physiologique persiste. 


Il n’est pas étonnant alors que pour les victimes, le moindre déclencheur (une odeur, un son, un geste) vienne les replacer dans le même état de terreur et de paralysie qu’au moment de l'événement. Le corps en a une mémoire extrêmement précise et l’exprime à chaque instant jusqu’à ce que l’objet traumatique puisse trouver sa résolution. 




Quatrième stratégie : la résilience 


Les survivants de ces traumatismes (négligences, maltraitances, absences, catastrophes) sont donc des personnes qui, sans le savoir, ont développé un grand génie adaptatif. Ils ont su, malgré cette confrontation avec la mort (réelle ou symbolique), trouver des ressources fantastiques pour gérer cette effraction de l’esprit qui a agi en eux comme une bombe à fragmentation : elle touche tous les niveaux de l’être. 


Mais ces systèmes adaptatifs finissent aussi par s’user ou trouver leurs limites. On s’épuise, comme si on cherchait en permanence à maintenir debout une maison construite sur des sables mouvants. Ces tactiques inconscientes ne sont que incertaines et provisoires. 


Vient un temps où l’on est prêt à regarder le problème en face et à reconstruire des fondations solides et durables. Le déni, l’oubli, le temps n’y changeront rien, la force de notre “mental” non plus car le travail doit se faire au niveau où le problème se loge : dans l’inconscient, le corps et certaines zones engrammées de notre cerveau. 


La résilience est possible. Et si le chemin peut être parfois long ou difficile, il en vaut véritablement la peine. Nous ne sommes pas condamnés à vivre avec ces fantômes du passé. Nous ne sommes pas condamnés à subir ces irruptions de souffrances, de colère, de honte, de culpabilité et de doute jusqu’au restant de notre vie. 


La résolution est à votre portée et des techniques thérapeutiques innovantes ont fait leurs apparitions ces dernières décennies. Que ce soit l’hypnose, l’EMDR, le Brainspotting, le Somatic Experiencing, les constellations familiales (pour les traumatismes transgénérationnels) ou encore la thérapie ICV (pour les troubles de l’attachement précoces en particulier). 


Ces accompagnements vous permettront alors de retraiter en profondeur les mémoires traumatiques, de sortir du figement, de retrouver un sentiment de confiance, de sécurité et de connexion sécure (à vous-même, à votre corps, aux autres…), et de pouvoir enfin remettre dans le passé ce qui ne sera plus qu’un souvenir. 




Pour aller plus loin


Bibliographie :


Psychothérapie de la dissociation et du trauma, Editions Dunod

Le traumatisme psychique chez l’adulte, Evelyne Josse, DeBoek Supérieur

Réveiller le tigre, Peter A. Levine, Intereditions

Guérir de ses traumatismes avec le Brainspotting, Dr Christian Zaczyk, Odile Jacob



L’Accompagnement RESILIENCE


Des séances sur-mesure et à votre rythme pour retraiter les mémoires traumatiques, retrouver une stabilité émotionnelle et activer vos ressources profondes.  





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