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Lâcher prise ou (mieux) choisir ses combats ?


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Une nouvelle injonction s’est dernièrement ajoutée à la déjà très longue liste de principes, règles, conseils que l’on a entendus et que l’on s’impose à soi-même et qui a tendance à nous mettre le moral à zéro : le lâcher prise !

Peut-être vous répétez-vous régulièrement « Il faut absolument que j’arrive à lâcher prise ! » (on se l’est sûrement tous dit à un moment donné). Peut-être est-ce un conseil que vous avez lu, ou une recommandation de quelqu’un de votre entourage : “Faut lâcher prise maintenant!” .

Et c’est bien plus facile à dire qu’à faire ! On se retrouve souvent démunis, dépourvus d’explications sur le moyen d’y parvenir. Ce qui peut devenir alors tout à fait frustrant car si la volonté est là, si l’on perçoit qu’il y a quelque chose en nous à libérer, on ne nous a pas pour autant expliqué pourquoi on ne lâche pas, ni les recettes magiques (si tant est que cela existe) pour y arriver.

On nous en a tellement parler qu’on finit par se dire que ce fameux lâcher prise doit être la réponse à tous nos problèmes. Cette idée s’est fait un chemin dans notre inconscient collectif et est devenu le nouveau but à atteindre.

Mais s’il y a évidemment toujours à gagner à prendre du recul sur certaines choses, je trouve cette obsession du lâcher prise parfois tout à fait contreproductive dans la recherche d’une amélioration de notre santé mentale et peut même parfois mettre en échec les personnes qui s’y attèlent.

Peut-être parce qu’on met la charrue avant la bœufs...

Il n’est pas rare que des personnes déjà accablées par de nombreux soucis, des drames non-résolus ou des angoisses profondes, viennent lors de la première séance me demander de les aider à lâcher prise, comme si elles me demandaient d’arrêter le sucre ou le tabac, c’est-à-dire en oblitérant tous les autres problèmes qu’il y a déjà à travailler si on souhaite un jour « lâcher » quoi que ce soit, et en considérant d’emblée cet objectif de lâcher prise comme une contrainte ou un effort de plus à réaliser, une tâche de plus à cocher sur la liste pour parvenir au bonheur.

Le lâcher-prise, c’est bien quand tout va à peu près bien, mais la plupart du temps, il y a bien d’autres choses à travailler en amont, alors on n’y arrive pas et ça vient juste nous rajouter encore plus de nœuds au cerveau et aussi peut-être un sentiment désagréable d’impuissance.

En réalité, le concept de « lâcher prise » est très différent pour chacun (donc pas la peine de se comparer aux autres)

Quand on me dit « je voudrais lâcher prise », je ne sais jamais de quoi on me parle. Car cette notion fourre-tout revêt des réalités bien différentes dont voici quelques exemples :

· Parvenir à « penser moins » ou à relativiser davantage dans des situations difficiles, · Abaisser leur niveau d’exigence envers eux -même et devenir plus indulgent, · Apprendre à être plus souple dans leur relation aux autres, ou dans leur gestion du temps, · Faire davantage confiance à leurs proches, · Parvenir à imaginer un avenir plus positif et serein.

L’idée seule de lâcher prise devient un ordre bien trop flou et abstrait pour aboutir

Si on se dit simplement « lâche prise » ou « arrête de penser », on se donne peu de chance de réussir parce que l’injonction de relâcher est bien trop globale, imprécise, négative et donc difficilement atteignable.

Pour réussir, en thérapie comme dans la vie en général, il est important de porter son attention sur ce qu’on veut, et non sur ce qu’on ne veut plus, et de se fixer des objectifs clairs, concrets, mesurables, et formulés de manière positive (comme dans les exemples ci-dessus).

Par exemple, notre inconscient comprendra bien mieux des intentions comme « j’apprends à être plus indulgent avec moi-même et je comprends que je fais de mon mieux » ou « J’apprends à faire confiance à mes enfants, je comprends que je leur ai transmis toutes les ressources pour faire leur propre chemin dans la vie ».

Notre cerveau accepte mal l’idée de perdre quelque chose qui venait nous protéger

Si vous êtes en haut d’une falaise avec vos deux mains agrippées, sans filet pour vous retenir, et que je vous demande de lâcher prise, je pense que vous ne vous jetterez pas dans le vide !

En notre for intérieur, c’est la même chose : s’il y a à ce point un besoin de contrôle (sur soi-même, les autres, son corps, ses émotions, etc.), c’est qu’au fond, il existe une insécurité première, qui peut même être associée en cas de traumatisme à un instinct de survie, ou qui constitue en tous les cas une stratégie qui nous permet de réguler les peurs et les angoisses.

Si on ne lâche pas certaines choses (car en réalité cela ne concerne que certains domaines de notre vie, pas tout, et ces domaines sont différents pour chacun), c’est qu’inconsciemment cela est vécu comme un risque. Et notre inconscient qui cherche toujours à nous protéger (même par des moyens qui nous semblent inappropriés), n’est pas prêt à perdre comme ça le système de protection qu’il avait mis en place.

C’est pourquoi demander à quelqu’un qui a développé cette stratégie interne de lâcher prise me semble tout à fait contreproductif. Et c’est pour cela que vous ne m’entendrez absolument jamais employer ce terme. Parce qu’on n’éradique pas la peur par plus de peur mais par plus de sécurité.

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Alors d’abord on sécurise.

Il peut être intéressant de se demander dans ces cas-là : « Quelle peur se cache derrière mon besoin de contrôle ? » « Que se passerait-il si je lâchais telle ou telle chose ? Je crains qu’il se produise quoi ? »

Ces questionnements permettent d’identifier la peur inconsciente et de la regarder en face.


Peut-être vous rendrez-vous compte que ces peurs sont liées à des expériences antérieures qui vous ont fait souffrir et que vous redoutez de revivre, ou en lien avec des blessures d’enfance ou peut-être même que ce sont des peurs qui ne vous appartiennent pas réellement et qui ont été transmises par des parents ou ancêtres.


Si nous sentons que ces peurs ou angoisses sont profondes ou anciennes, il peut être judicieux de travailler dessus en thérapie afin de les laisser derrière soi, et retrouver un sentiment d’apaisement et de sécurité suffisant pour enfin poser votre attention et utiliser votre énergie dans des choses nouvelles.

Et au lieu de combattre le contrôle et de s’épuiser, on peut choisir maintenant de se focaliser sur ce qui est véritablement en son pouvoir.

On peut se demander : « Le contrôle que je cherche à exercer sur mes pensées, mon conjoint, la vie, les autres, est-il utile ou efficace ? » « Sur quoi est-ce que je choisis aujourd’hui de mettre mon énergie et mon attention ? » « Qu’est-ce qui est véritablement en mon pouvoir ? Si je ne peux pas tout contrôler, que puis-je faire pour moi-même ? » « Et s’il y a des choses que je n’arrive pas encore à lâcher, au fond, est-ce que c’est si grave ? »

Peut-être pouvons-nous alors poser de nouvelles intentions...

Chaque jour, je fais de mon mieux Je sais qu’ici et maintenant, je suis en sécurité. J’accepte les mouvements de la vie comme ils viennent, Car ils sont là où je puise ma force sans cesse renouvelée. Je ne lutte plus contre les vagues, Je prends plaisir à glisser et à me laisser porter par elles En sachant qu’au bout du compte Elles m’emmèneront toujours et invariablement vers le rivage.


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